Nous utilisons de l’argent tous les jours pour nos achats courants, mais d’où vient-il? Quand a-t-il été inventé et par qui? Petit voyage au berceau de la finance.
Au commencement était le troc et pour des raisons pratiques évidentes, on lui préféra la symbolique de la valeur. Au début, c’était des coquillages, mais pour parer un éventuel avantage des habitants de bords de mer, on lui préféra le métal. La monnaie était donc elle-même marchandise. Dotée d’une existence tangible, d’une valeur propre, elle pouvait être transformée par fusion.
Cette tangibilité est la source de repères qui sont encore profondément ancrés dans nos esprits parmi lesquels:
- L’argent constitue intrinsèquement une valeur.
- L’argent est rare.
- Quand l’argent manque, il n’y a pas d’autre choix que d’en emprunter à ceux qui en détiennent contre une rémunération (l’intérêt, le «loyer» de l’argent) puis que le prêteur se prive de l’usage d’un bien.
Au milieu du 17e siècle, une même idée germa simultanément dans plusieurs cerveaux, respectivement à Stockholm et à Londres. Cette idée transforma les orfèvres en banquiers. Si les données historiques sont auréolées de flou, l’hypothèse selon laquelle on doit l’invention de la monnaie à la faillite de Charles 1er en 1640 est communément admise. Le monarque en proie à de grandes difficultés financières a fait saisir les lingots d’or et d’argent déposés à la tour de Londres (qui était alors l’hôtel des monnaies). Cette décision eut pour conséquence immédiate un mouvement protectionniste des marchands de la cité qui voulurent mettre en lieu sûr leurs métaux précieux, lingots, poudres de métal, pièces et autres objets de valeur. Ils se tournèrent alors vers les orfèvres, dont les boutiques étaient réputées comme des lieux sûrs. En contrepartie de leur dépôt, ils recevaient un reçu nominatif et détaillé qui leur permettait de récupérer leurs biens à vue (c’est-à-dire sans échéance de retrait) en contrepartie d’un droit de garde modique. Pour résumer, les boutiques des orfèvres étaient alors des consignes bien protégées.
La demande fut telle (on voit que l’évasion fiscale n’est pas une invention moderne) que les orfèvres devinrent rapidement des banquiers de dépôt. L’usage faisant, les reçus qu’ils émettaient ne mentionnaient plus que la valeur du dépôt en livre sterling et devinrent anonymes. Cet anonymat signifiait que le remboursement pouvait se faire par prélèvement sur l’ensemble du «trésor» de la banque, «trésor» constitué de valeurs interchangeables.
À partir de 1655, les certificats de dépôt se généralisent. Ils concernent des sommes rondes et circulent «au porteur». À l’usage, les déposants remettent le certificat en paiement sans forcément venir retirer leurs biens pour les remettre à leurs créanciers. Ce dernier ayant la liberté à son tour, soit d’utiliser le certificat comme moyen de paiement, soit de se faire rembourser auprès de l’orfèvre ou d’un de ses correspondants (les orfèvres londoniens ont entretemps déployé un large réseau)
Ces deux innovations facilitent l’utilisation et la circulation des certificats. En corollaire, elles contribuent à retarder les demandes de remboursement en espèces. Il n’en fallait pas plus pour que les orfèvres aient une nouvelle idée…
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