Mais nos orfèvres apprentis banquiers s’aperçoivent que leurs coffres ne désemplissent jamais tout à fait. Il y a à cela deux raisons :
- en vertu de la loi des grands nombres, les dépôts et les retraits se compensent largement, les nouveaux dépôts viennent compenser les retraits.
- la confiance du public envers les orfèvres est telle qu’ils demandent rarement la conversion en espèces.
Tout semble donc indiquer qu’il n’est pas indispensable de conserver l’équivalent métallique de l’intégralité des certificats émis. Une encaisse partielle (de l’ordre du tiers à l’époque) suffit à parer aux retraits imprévus. Les orfèvres réfléchissent donc à une manière de faire fructifier cet argent qui «dort». Vers 1665, ils commencent à émettre des certificats en échange d’un titre de dette.
La valeur des certificats va dès lors dépasser la valeur du métal contenu dans les coffres. Il y a création monétaire. C’est le principe de réserve fractionnaire. La valeur réelle du métal ne correspond plus qu’à une partie des moyens de paiement émis.
L’or restera la valeur de réserve jusqu’en 1971. À cette date, les monnaies sont encore liées au métal jaune par l’intermédiaire du dollar américain, car les États-Unis possèdent les trois quarts des stocks d’or mondiaux. Mais en 1971, la guerre du Vietnam vide les caisses de l’oncle Sam. Certains pays supputent que les dollars qui circulent dans le monde entier ne pourraient plus être garantis par les réserves de Fort Knox. L’Allemagne notamment, n’a plus confiance dans le dollar papier et fait valoir sa contrepartie en or. Pour éviter que «tout le monde» (pour le coup la suprématie du dollar était vraiment mondiale) fasse la même chose, Richard Nixon met fin, le 15 août 1971 à la convertibilité du dollar. Ce faisant, il rompt le dernier lien entre la monnaie et l’or, entre la monnaie et la valeur. Depuis, l’«argent» est une monnaie virtuelle sans valeur ni existence propre qui n’est portée que par son seul usage.
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