Il y a des jours particuliers. De ces jours comme tous les autres qui comportent une minime nuance. La sensation intime d’être au bord d’une falaise et de faire un grand pas en avant.
Un pied devant l’autre.
Ce grand saut ne peut se faire qu’avec la conviction saugrenue qu’il se passera quelque chose d’improbable, d’inattendu et qu’on ne tombera pas.
À ce qu’on dit ça demande du courage, à ce que je dis ça demande de l’inconscience : la part de légereté propre aux actes forts.
Aujourd’hui est un de ces jours-là pour moi.
Planche de saut.
Depuis toujours j’observe le monde et je me pose des questions. J’entasse des cahiers noircis sur des étagères, bien à l’abri des lecteurs. Depuis près de 15 ans j’écris pour les autres, je rédige leur voix, j’articule leur message, soigneusement anonyme et ce faisant, je me tais.
Confortablement calfeutrée dans l’anonymat, à l’abri des regards sous couvert de « ghostwriting », je prête mes mots aux autres, je leur vend des syllabes, je leur remet les clefs du message, leur éventuelle force, leur capacité à susciter des émotions.
Aujourd’hui, j’écris et vous me lisez.
C’est mon grand saut à moi.
Aujourd’hui, j’écris, (j’écrie?) en mon nom, avec ma voix, avec ma trouille, avec ma manière loufoque de regarder le monde et d’y voir des liens. J’écris.
Avec une intense volonté de contribuer, de faire avancer, de libérer, de soigner. Avec de la naïveté, des illusions et beaucoup de bonheur. J’écris.
Il sera question de plantes, d’argent, d’insectes, de société, de paysages, de gens formidables, de vies jolies, de vous, de moi.
Ca sera un blog, des formations, un livre. Il s’appellera « Précis de botanique à l’usage des entreprises florissantes »
Je suis émue et très honorée de vous voir à côté de moi pour cet impondérable voyage.
La vie se dilate et se rétracte à proportion de notre courage
Anaïs Nin
